dimanche 23 mars 2014

Analyse

Avertissement : Les lignes qui suivent ont été écrites avant l'annonce des résultats. D'où mon ton  modéré et apaisé. En réalité, à l'heure qu'il est  (22h37), je suis en colère et très énervé.

Ceci n'est pas un règlement de compte, qui apparaîtrait à juste titre comme déplacé et encore moins une recherche des responsabilités personnelles de la défaite. C'est une analyse que j'espère dénuée de malentendus, pour comprendre comment nous avons pu en arriver là. Là, c'est la victoire d'une droite extrême et populiste dès le premier tour, alors que la gauche présentait un bilan jugé par tous "bon" voire "excellent".
J'ai suffisamment œuvré, dans ma modeste part,  pour la victoire de la gauche et la défaite de Berger pour me donner le droit  de dire ce que je pense une fois le désastre survenu, car c'en est un, à l'échelle de la ville...
Cette analyse est indispensable pour, sans détours mais sans rancœur, œuvrer dès ce soir à reconquérir  (je n'aime pas ce mot mais n'ai pas trouvé mieux) Clamart et le cœur des Clamartois.
Premier élément, le contexte national, qui ne doit pas être évacué dans les causes de la défaite. Les gens ne sont pas idiots et savent faire le distinguo entre enjeux locaux et nationaux, mais tout de même....
Le Parti Socialiste doit cesser de se comporter comme une force hégémonique représentant la seule gauche "utile" en opposition à une gauche irréaliste. Sous ce terme, le PS est en train de finir sa mue en parti de centre droit! Il faut qu'il cesse de se comporter de manière schizophrénique et de prendre les électeurs pour des andouilles : à gauche en campagne, à droite au pouvoir...  L'absence d'accord national pour ces élections est bien le signe qu'il y avait de la place pour d'autres. Certes, les accords électoraux nationaux ne font pas les élections municipales, mais ils participent de la création de dynamiques. Force est de constater que de dynamique nationale il ne pouvait y en avoir en 2014. Et les affaires comme ND des Landes, le pacte de responsabilités etc ne concourent pas à définir ce qu'est une politique de gauche! Quand, comme Valls, on court après les voix d'extrême droite dans une logique de tout sécuritaire, il est clair que le PS devient inaudible.
Cet écueil pouvait être évité localement. Pour cela il eût fallu des responsables PS plus lucides : au premier rang de ceux-ci le cas du maire sortant est évidemment emblématique. J'ai suffisamment soutenu Philippe Kaltenbach que j'estime et considère comme ayant été un grand maire de Clamart, pour pouvoir dire, en toute franchise, que sa présence sur la liste était devenu un obstacle à la mobilisation. Je ne jette de pierre à personne mais d'autres noms cristallisaient la défiance, en toute logique chez l'électeur non averti comme chez les connaisseurs du contexte. Ceci ne constitue aucunement un acte d'accusation mais bel et bien un constat. Le dossier de caniveau paru en novembre dans un grand hebdo national a créé un mal important. Auparavant, la mise en examen, qui n’est pas une condamnation, faut-il le rappeler, avait déjà renforcé le malaise issu de l'affaire des vidéos. J'ai déjà dit ma conviction sur cette affaire, je n'y reviens pas, mais la  lucidité politique eût été de créer une liste de profond renouveau. Cela na pas été possible ou on n'a pas voulu s'en donner les moyens. Manque de lucidité dans la lecture du contexte donc, deuxième élément.
Dans ces conditions la présence d'une seconde liste de gauche était inévitable et il ne sert à rien d'y voir les causes de la défaite. Ce n'est pas sa présence qui est en cause. Sa présence était légitime et compréhensible. Les personnalités qui la composaient étaient fortes, expérimentées et pouvaient aussi renouveler le paysage. Je déplore seulement que certains propos aient été tenus dans certaines réunions publiques, plus par maladresses pour exister que par volonté de nuire : mais associer dans une même phrase sur la corruption dans le 92,  Pasqua et Kaltenbach relève de la malhonnêté intellectuelle, au pire, de la maladresse coupable, au mieux, car enfin : peut-on réellement comparer un homme condamné pour ses pratiques au plus haut niveau de l'état et l'ancien maire de Clamart? Ce dérapage, signé d'une personnalité d'envergure nationale (peu au fait du contexte local?) mis à part, ce fut une campagne basée sur deux axes : la responsabilité politique et l'exigence citoyenne d'une part et il n'y a rien à redire sur le fond. La polémique sur la composition et les pratiques de liste PS PCF Modem d'autre part, ce qui constitue pour ma part une erreur fondamentale de cette liste. Certes, exister à gauche n'était pas simple mais taper sur la droite devait rester le seul objectif, sauf à considérer que Berger et Ramognino c'est blanc bonnet et bonnet blanc. C'est loin d'être le cas et j'ai une pensée pour Pierre en ce moment...
Pour moi, j'ai essayé de ne taper qu'à droite et suis resté avec comme objectif rendre l'unité possible et la victoire certaine. Ce ne fut pas une position facile et même on peut la considérer comme relevant d'un inachèvement certain! Ayant des amis dans les deux listes je ne me suis pas senti à l'aise avec cette situation même si j'en comprends l'origine et, dans l'isoloir, je fus pris d'un vertige que peut-être d'autres électeurs de gauche ont ressenti... Mais c’est l'état de la gauche de n'être jamais tout à fait unie, jamais tout à fait d'accord et c'est son histoire, notre histoire. La raison de la défaite tient  surtout par le fait que la droite s’est présentée dans ce contexte, unie autour d'une seule liste. Fallait-il espérer une liste FN pour gagner? On a suffisamment reproché aux socialistes à l'époque Mitterrand et après, de jouer aux apprentis sorciers avec le FN,  pour ne pas faire ce vœu pitoyable. N'empêche l'absence de liste plus extrême  a laissé un boulevard à Berger; sûr et certain de rafler les électeurs FN, vu ses propres convictions extrémistes. Une droite rassemblée, troisième élément...
Paradoxalement on peut considérer que la stratégie du PS local de s'allier aux personnalités Modem les plus en vue dans la ville a été contre productive. une liste modérée de droite aurait pu avoir un rôle dans une division de la droite et une éventuelle victoire de la gauche. Reste à savoir si le Modem avait les moyens de former une liste à Clamart? C’est aussi l'éternel problème de la clarté du Modem,  divisé entre ses besoins d'exister au plan national, ses tentations un peu illusoires de n'être ni, là ni ailleurs... A la fin, il n'est nulle part visible!
Ces éléments mis bout à bout  expliquent aisément une défaite qui au vu des programmes des uns et des autres m'apparaît comme une erreur historique pour Clamart. C'est la règle démocratique et encore une fois il est vain de s'accuser les uns les autres et de s'autoflageller. Par contre, il apparaît clairement que de cette défaite ressortent certaines exigences :
- rompre avec des pratiques d'autorité et rendre aux citoyens une plus grande clarté dans l'analyse de l'action du pouvoir à ne pas confondre avec la promotion et la propagande.
- construire les conditions d'une gauche plurielle locale qui donne à chacun sa place dans l'élaboration d'un projet construit autour des thèmes que les deux listes de gauche ont porté : écologie, justice sociale, démocratie à tous les niveaux de décisions, exigence et ambition culturelle, éducation populaire.
 - rompre avec les querelles de personne et les ambitions individualistes, pour ne porter que l'exigence d'un projet pour la cité et les citoyens.
- Combattre pied à pied les décisions les plus injustes et démontrer non dans le temps court d'une campagne électorale mais dans le temps long d'un mandat que des citoyens dénoncent pour des raisons politiques locales les mesures d’une droite extrême. Cela signifie que la politique ce n’est pas trois mois de  blousons roses et bleus avec les étendards et les ballons mais présence aux côtés des citoyens toute l'année, tout le mandat. L'opposition peut se construire et doit se construire vite autour des acteurs principaux de la campagne dans une structure autre que le Conseil Municipal dont on sait qu'il n'est certainement pas le lieu de l'expression démocratique le plus audible aux citoyens. Certainement ceci paraît illusoire et naïf aux pros de la politique et aux militants aujourd'hui déçus et en colère. N'empêche, si chaque parti ne fait que ruminer la défaite en s'exonérant de ses responsabilités et en s'enfermant sur lui-même et autour de ses seules individualités on ira droit dans le mur d'une défaite annoncée en 2020. C'est maintenant que se construit la victoire future.

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