dimanche 3 octobre 2021

A Clamart aussi, Vichy a déporté les Juifs Français.

Zemmour ment comme il respire. Il est navrant, mot bien faible, de devoir réfuter en 2021 des âneries proférées publiquement telles que "Vichy a protégé les Juifs français et livré des Juifs étrangers"... C'est grave donc il faut le dire et le redire : c'est faux. Cette histoire de Pétain et Laval boucliers des Juifs français est une fable que nous racontaient nos grands-parents mais que les historiens ont méthodiquement réfuté, documents à l'appui, depuis 50 ans maintenant. Asséner de telles contre-vérités relèvent en réalité d'un révisionnisme historique sournois.. Je suis en deçà de ce qu'il faudrait dire mais je souhaite rester poli. 

Je vais donc raconter l'histoire de David Blaszka. David est né à Paris (France) dans le 12e, en mai 1923. Il est français, fils de polonais émigré, mais français par la loi. La famille Blaszka est tellement bien intégrée en France que les parents et enfants nés en Pologne sont naturalisés en 1928. Ils se sentent tellement français que dans les recensements leurs prénoms sont francisés. David est clamartois. Son père tient une cordonnerie au bas de la rue Hébert, au numéro 15. 

Le 18 février 1943, David Blaszka est mort à Auschwitz dans le pays de ses parents, pays qu'il n'avait jamais connu auparavant. Sa mort n'est pas un accident, ni un suicide, ni un hasard. 

Il est arrivé là par le convoi n°48, parti de  Drancy (France) le 13 février. Il a été arrêté dans la rafle du 26 octobre 1942, menée par la police française, puis interné à Drancy. Dans ce convoi, David n'était pas seul bien sûr. Il y a avait son frère Léon, français par naturalisation puis dénaturalisé par décret de Vichy. Voilà comment on fait des juifs étrangers... 

Auparavant, le cousin de David, Simon, né en France en 1935,  français  donc,  a été déporté par le convoi n°23 et est assassiné le 29 août 1942 : il n'avait pas encore fêté son septième anniversaire... Ses soeurs Suzanne, Nadine, Rachel ont été déportées  et assassinées également. Un autre cousin, Léon, né en 1928 en France, français donc, est parti en 1944 par le convoi n°68 et n'est pas revenu. 

Les cas de David, Simon et Léon Blaszka ne sont pas des cas isolés. Il suffit de se renseigner : les sources sont multiples, les documents accessibles. Je joins ici la carte interactive des enfants Juifs déportés...(Les enfants y sont listés par lieu d'arrestation, non par lieu de domicile, d'où les écarts apparents avec mes informations; de même certains prénoms sont différents selon qu'ils tiennent compte de la francisation, qui est déclarative et non officielle). 

Voilà je vais me taire... Que Zemmour se déshonore ce n'est pas grave, c'est une ordure. Qu'il salisse la mémoire des déportés est dégueulasse. Les survivants de la famille Blaszka, car il y en a, savent eux et peuvent se sentir insultés... C'est aussi pour ces gens-là qu'il ne faut pas laisser se propager le mensonge. 

Vichy a sciemment déporté 75 721 juifs dont 25 000 juifs français de tous âge (11 000 enfants) par plus de 80 convois. Point. Barre. Et si 75% des juifs français ont échappé  la déportation c'est pas grâce à Vichy! De ces déportés, seuls 2566 sont revenus vivants.