vendredi 19 novembre 2010

Vieux pots...

C'est dans de vieux pots qu'on fait de bonnes soupes dit-on.. Voir...
Le gouvernement Fillon 3 est une illustration de l'adage : Juppé 4 le retour (et il n'est pas content...), Bertrand 2 le come-back (et il va tout casser), De Raincourt (mais qu'est-ce qu'il a fait celui-là? Il doit connaître des basses histoires pour être recasé tout le temps sans rien faire)et j'en passe. Bon on ne va pas mettre tout le monde à la retraite (c'est pas trop dans l'air du temps), mais quand même... Pour certains il est temps!
Dans les Hauts de Seine l'UMP locale s'est choisie un nouveau chef pour remplacer un Devedjian en pleine disgrâce. Un jeune, un nouveau, un homme neuf sorti du cocon : Jean Jacques Guillet, le Pasqua boy, ancien d'Ocident (encore un), qui n'hésitait pas dans ses jeunes années à faire donner le GUD contre les squatteurs sévriens de la future Mano Negra et autres assos telles Issue de Secours. Ca date de 1985 : un jeune loup de presque 65 ans (né en 1946)donc! Voilà le renouvellement de la vie politique française : même pour les strapontins y en a que pour les vieilles peaux! C'est la soupe à la grimace chez Devidjian qui n'aura bientôt plus que son siège cantonal... S'ils l'investissent.

vendredi 1 octobre 2010

Une plaque Jaurès à Clamart

Cet article est paru dans les "cahiers Jaurès"n°197, Juillet-Septembre 2010. Ceci en est une version expurgée des notes scientifiques.

JAURES EST VIVANT !
Une « plaque Jaurès » à Clamart : un acte mémoriel à signification politique
Par Hubert Duval*


1859-2009, 150 ans déjà depuis la naissance de Jean Jaurès, et un souvenir qui est resté vivant. Toutes les citations n'ont pas la même signification mais toutes illustrent la vivacité de Jaurès. On se sert parfois de lui à l'occasion de meetings électoraux ou, qui pis est, pour de basses récupérations politiciennes . Mais il y a d'autres manières de garder vivante la mémoire de Jaurès.
L’inauguration récente d’une « plaque Jaurès » à Clamart relève effectivement d’une autre démarche, plus conforme à l'homme politique que fut Jaurès. Il y a longtemps déjà, Maurice Agulhon invitait les chercheurs à travailler sur les « lieux Jaurès » et proposait lui-même un premier recensement analytique des monuments à la mémoire du tribun . Concernant la commémoration de Clamart, il était tentant d’essayer de saisir quelle mémoire de Jaurès se construisait alors. Bien loin de la virulence du débat sur la « panthéonisation » de Jaurès , cet évènement local permettait néanmoins, à une modeste échelle, de répondre à l’appel de Maurice Agulhon et d'étudier tout à la fois une démarche et un monument.
Nous voudrions démontrer ici qu'à l'occasion d'une cérémonie locale de commémoration, s'accomplit également un geste politique. Ce-faisant, la municipalité de Clamart rappelait ainsi la réelle vitalité de Jaurès.

Une démarche qui a un sens.

Sur la démarche, la municipalité à majorité socialiste de Clamart s’inscrit, bien entendu, dans une filiation politique. C’est un hommage à l’un des pères fondateurs du parti majoritaire et de son allié communiste. De cette dimension, témoignent moult détails : la cérémonie d’inauguration a ainsi permis d’entendre, avant « la Marseillaise », successivement : « le Temps des Cerises », « La Butte rouge », le « Chiffon rouge », « le chant des Partisans » , « l’Internationale ». Un tel répertoire inscrit indiscutablement la cérémonie dans un « moment de gauche ».
Mais en même temps, il s'agissait aussi d'un acte plus largement citoyen. D’une part, le nom de Jean Jaurès est celui d’une artère centrale de la ville depuis 1939 (nous y reviendrons à propos du lieu) et à ce titre, Jaurès est depuis longtemps inscrit au patrimoine communal.
D’autre part, c’est à un Jaurès de consensus qu’il a été fait référence en conseil municipal . Dans une ville où les débats politiques sont virulents, voire acharnés, le projet n’a pas suscité de polémique. Tout juste notera-t-on l’absence du groupe principal d’opposition au conseil municipal, l’UMP, lors des cérémonies d’inauguration. Les partis d’opposition n’étaient représentés que par un élu du Modem. Il ne faut pas s’en étonner : cela confirme que Jaurès, s’il est un héros national, est avant tout inscrit dans la mémoire du peuple de gauche .
Mais si la municipalité voulait d'abord perpétuer la mémoire de Jaurès en tant que figure nationale, au-delà des partis, il n'en reste pas moins qu'elle désirait accomplir en même temps un geste politique qui aurait un sens aujourd'hui. Car c’est de l’actualité de Jaurès dont il fut question le 6/12/2009 à l’heure des discours : actualité d’une pensée pacifiste, d’une pensée des droits de l’homme et d’une pensée socialiste.
C’est bien Jaurès homme de gauche que fit surgir l’historien Denis Lefebvre qui évoqua le « fleuve Jaurès ». Ses grands combats furent retracés : ceux du défenseur des droits, du Républicain socialiste, et enfin du philosophe tué dans l’arène publique.
Patrick Appel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité, évoqua le Jaurès journaliste, fondateur de l’Humanité, un journal qui se voulait indépendant des puissances d’argent, mais ne fut pas à l’abri des problèmes de trésorerie. Patrick Appel-Muller condamna en outre les récupérations droitières dont Jaurès fait en ce moment l’objet, avec pour arrière-plan le débat sur l’identité nationale. Enfin, Philippe Kaltenbach , maire socialiste de la ville , cita à l’appui de sa démonstration le chômage, les conflits internationaux, la question arménienne chère à Jaurès et chère à Clamart , l’Union Européenne, sans éluder les divisions du parti socialiste : bref, les orateurs firent appel à Jaurès pour éclairer les problématiques de la France et du monde d’aujourd’hui. Dans sa réponse à notre interview, Philippe Kaltenbach semble d’ailleurs assumer la dimension politique de la phrase choisie pour le monument, phrase présentée comme critique vis à vis de la politique gouvernementale .
Clamart a bien fait revivre une mémoire en mettant en œuvre une pensée moderne et non un simple souvenir. Cette démarche prend forme avec une œuvre et une plaque commémorative originales.

Une œuvre puissante et originale.

Il ne saurait être question ici de discuter les choix esthétiques. Les quelques remarques qui suivent visent à décrire le monument, à le comprendre et à en saisir l’impact.
Le monument se présente sous la forme d'une large et haute plaque métallique (3m sur 1m50), comportant un bas relief en bronze et une citation du tribun : « Je n’ai jamais séparé la République des idées de justice sociale ». La taille de la phrase est remarquable. Impossible de passer à côté : ici, très clairement, on a voulu associer au personnage une pensée. Le choix de cette phrase est évidemment significatif. La République qui est notre régime commun se voit fixer un but, la justice sociale. Ce message est renforcé par un lettrage différent, les termes de « République » et de « justice sociale » étant inscrits en lettres plus grandes.

Pour Jaurès, la date de 1887 est un moment important : lors de cette première législature, la place de Jaurès sur l'échiquier politique pose question. Si on le classe rapidement sur le banc des Républicains opportunistes indépendants, son Ferrysme premier justifiant ce positionnement, ses premiers discours et en particulier celui cité ici, montrent son attention portée à la question sociale qui attire à lui le regard des socialistes. Pour comprendre le Jaurès de 1887, nous renvoyons à la présentation qu’en font Madeleine Rebérioux et Gilles Candar dans le tome 1 des Œuvres .
Par sa conception, l’œuvre montée à Clamart privilégie le sens à l’esthétique visuelle. Celle-ci toutefois n’est pas dénuée d’intérêt -au contraire !; sans être un spécialiste de la statuaire politique, on peut y voir une œuvre originale. L’image proposée est double. La figure de Jaurès, au premier plan, se superpose à une scène célèbre, le fameux discours du Pré Saint Gervais : Jaurès en portrait et en action. On peut y voir la volonté de remettre Jaurès en contexte, au cœur du peuple, entouré de son auditoire. Au-dessus de lui, flotte un drapeau, que l’on devine rouge, évidemment.
Le portrait retient l’attention par la pose que l'on retrouve sur bien des photographies de Jaurès : le regard est tourné vers l’avenir, comme illuminé : Jaurès visionnaire et Jaurès qui va de l’avant. La scène du Pré Saint Gervais semble avoir double fonction. On a choisi ici le Jaurès orateur, l'homme de public. La foule est son élément et donc, avec l’orateur, c’est aussi Jaurès l’homme du peuple. Ce n’est pas à une tribune officielle qu’il est saisi, mais bien dans un discours en plein air, au cœur de la banlieue populaire, devant, ou plutôt au milieu de 150 000 auditeurs.
L’artiste nous livre ici une dimension intéressante : « la parole et l’acte » selon les termes de Madeleine Rebérioux ?
Osons nous placer dans le sillage de Maurice Agulhon et résumons l’apport de cette œuvre au corpus monumental jaurésien : elle fait partie des monuments minoritaires qui associent une phrase jaurésienne au portrait, non en position secondaire mais bel et bien en exergue. De plus, et là encore c’est une posture minoritaire, elle quitte les sentiers de la paix pour restituer un Jaurès plus politique .
Malgré nos demandes, l’artiste n’a pas souhaité, ou pas pu, répondre aux questions que nous nous posons, alors que ses réponses auraient pu expliciter nos hypothèses : de quelles résonances la figure Jaurésienne est-elle aujourd’hui porteuse ? Quelles furent les motivations de l’auteur dans ses choix ?
Le résultat que nous avons sous les yeux, en tout cas, est bien une œuvre qui se met au service d’une démarche et qui est en cohérence avec celle-ci.
La commémoration clamartoise voit cette cohérence renforcée par le fait que la plaque soit fixée en un lieu lui-même en phase avec les problématiques jaurésiennes, au cœur du patrimoine communal.

Un lieu cohérent.

L'endroit où l'on appose une œuvre commémorative peut toujours donner lieu à des interprétations et des débats sans fin : « trop loin », « pas visible »... Force est de constater qu’au numéro 55 de la rue Jean Jaurès à Clamart, sur un mur privé mitoyen à une cour communale , la plaque Jaurès est inscrite en cœur de ville. Sa taille en fait illico un élément du paysage visuel du passant de cette artère principale de la ville .
Mais, ce qui attire notre attention, c’est le lieu-même qui accueille le monument, le bâtiment comme sa fonction.
Nul lieu ne pouvait davantage convenir en effet au souvenir de Jaurès qu’un Centre Communal d’Action Sociale . Construit en 1949-1950, lors d’une mandature contestée , il rappelle la volonté de la Quatrième République d' être une réelle République sociale. Le bâtiment qui accueille le monument est d’ailleurs un édifice qui retient l’attention. Son architecture typique des années d'après-guerre en fait un immeuble imposant, voire massif, alors que la rue est plutôt étroite . La plaque Jaurès est installée de manière à être remarquée sur un bâtiment remarquable. La fonction du lieu est elle-même primordiale.
Voir la figure de Jaurès au mur d’un Centre d’Action Sociale c’est effectivement le ramener au cœur de sa pensée. C’est rappeler que Jaurès se bat pour l’émancipation populaire, pour l’accès des plus démunis au savoir (combat pour l’école), aux soins, à la protection sociale, à la dignité économique. Pour Philippe Kaltenbach, ce choix relève d’une sorte d’évidence .
Ce n’est pas le lieu ici de rappeler par le détail la pensée jaurésienne. Mais pour se persuader que le Centre d’Action Sociale correspond bien aux idées de Jaurès nous n’avons que l’embarras du choix. L’émancipation par l’éducation est un thème majeur dans l’édification du socialisme de Jaurès. Toute l’action de Jaurès a pour centre l’humanité pleine et entière de chacun. Le socialisme jaurésien, un individualisme accompli, a pour but de faire accéder chaque individu, sans exclusion, à la réalisation de ses potentialités d’être humain . Et cela passe d’abord par la dignité. « L’épanouissement des forces individuelles », voilà le projet socialiste selon Jaurès.
La phrase inscrite sur la plaque est ainsi en parfaite cohérence avec le lieu et avec la personne de Jaurès.
Par là, on retrouve la dimension partisane, c’est à dire ici socialiste, de la notion commémorative, sans que ceci soit péjoratif. Car si chacun, de droite comme de gauche peut se réclamer de la justice sociale, et ainsi se retrouver dans la phrase choisie, il n’en reste pas moins qu’elle est le pivot de la pensée jaurésienne : la République contient en elle, aboutie, le socialisme ; et le socialisme, abouti, ne peut être que républicain. En commémorant Jaurès en 2009, d’une certaine manière, Clamart, approfondit un moment mémoriel passé, celui du Front Populaire, et renoue le fil d’une histoire : non pas celle de la ville, -son histoire est ininterrompue-, mais celle d’une ville et de sa gauche.

Commémorer Jaurès à Clamart : un acte socialiste.
Tant par la démarche que par l’œuvre choisie et le lieu d’inscription du monument, l’acte commémoratif de Clamart est un acte qui nous semble socialiste. Et c’est un Jaurès socialiste qui est commémoré. Socialiste, donc rebelle : Jaurès avant d’être un grand homme consensuel au Panthéon, fut assassiné pour ses idées ; son assassin fut acquitté et sa femme fut condamnée. Socialiste, donc soucieux de voir le système économique et politique transformé en vue d’une radicale modification des rapports sociaux. Socialiste, donc se battant pour l’émancipation populaire, l’éducation laïque, l’avènement des droits de l’homme. C’est cette mémoire que Clamart restitue et cette commémoration participe pleinement d’une mémoire nationale dépassant les partis. Car la France se nourrit d’une vraie part de ce socialisme jaurésien, sa devise en fait foi.
Cet exemple peut aussi être lu, en des temps difficiles pour le Parti Socialiste, comme une possibilité de réappropriation de la figure jaurésienne : qu’est-ce qu’être socialiste ? Que nous dit Jaurès ? Ici, la commémoration clamartoise participe à l’édification d’une mémoire socialiste de Jaurès. Cette mémoire qui fut construite de son vivant est ancienne et a un rôle dans la construction du socialisme français. Jaurès figure centrale de l’unité aujourd’hui comme hier ? Il faudrait pour répondre, élargir le champ de la recherche à l’utilisation actuelle de la pensée jaurésienne au sein même du parti socialiste. Jean-Pierre Rioux dans un ouvrage récent a dressé un tableau sans concessions de cette utilisation, montrant que malgré les progrès importants de la recherche jaurésienne, effectués pour la plupart sous l’impulsion et avec l'aide de Madeleine Rebérioux, le parti socialiste n’avait de Jaurès qu’une image endormie, « convenable ». Jean-Pierre Rioux invite fortement le Parti Socialiste, mais aussi les autres formations politiques, à s’emparer vraiment de la pensée jaurésienne : « Et pourtant, un Jaurès toujours jeune ne pourrait-il pas aider, demain, dès à présent, à libérer le sens critique, à sonder les plaies, à lire le réel et dire le vrai ? » . Pour que vive « l’arrière pensée de Jaurès » .
C’est en quelque sorte ce qu’ont essayé de faire et de dire les orateurs lors de la journée du 6 décembre, et c’est à notre avis le sens de la commémoration clamartoise. Elle peut différer en ce sens des formules édifiantes, et partant réductrices, souvent liées aux « grands hommes » de la nation : « Jaurès, pacifiste », « De Gaulle, libérateur de la France » : ces mentions si souvent lues sur les plaques de rue ne portant finalement que des bribes de pensées.
A tous points de vue, cet exemple illustre donc, nous semble-t-il, la vitalité jaurésienne. Et, pour reprendre les mots de Denis Lefebvre : « Jaurès est vivant aujourd’hui ! ». Il ne serait donc pas qu’une icône, mais bel et bien une « référence vivante » selon l’intitulé d’une discussion de la journée du 16 janvier 2010 .

dimanche 7 février 2010

Lettre ouverte à Didier Codorniou et aux militants socialistes du Languedoc

Cher Didier Codorniou, cher "Petit Prince",
mon admiration pour le rugbyman que tu as été n'a d'égale celle que j'ai pour Jaurès.
Un jour battu, en 1899, Jaurès refusa d'être "rattrapé" au second tour en changeant de circonscription, comme le mode de scrutin l'y autorisait. Il faisait de la morale et de son rapport à l'électorat un principe premier.
Je ne mesure pas toute la sympathie que suscite Frêche et toute la connaissance du terrain qu'il a en Languedoc Roussillon.
Par contre, je connais le sens des mots : un militant socialiste ne peut (je ne dis pas ne "devrait pas" je dis ne peut...) sans honte, ni sans se renier, dire que les harkis sont des sous hommes. Il n'y a pas de sous hommes et il n'y pas de contexte qui tienne pour ce type de phrase.
Un militant socialiste ne peut dire d'une équipe de France qu'elle est composée de trop de noirs de peau. C'est faire honte à la France avant même que d'être un sacré connard. Ou alors, en tant que normand, dirais-je qu'il y a trop de languedocien dans mon pays? Dire cela c'est allumer le feu aux 4 coins des cités qui composent notre beau pays. C'est oublier qu'on peut être Français et s'appeler Georges, Hamdi , Soria, Bernadette ou. .. Didier.
U militant socialiste ne peut dire d'un camarade que sa tronche n'est pas catholique en sachant que ce camarade est issu d'une famille de confession Juive. Ce type d'amalgame nauséabond est réservé à la droite nauséabonde. Et me faites pas le coup du peuple contre les élites du 6è. Aujourd'hui, chers camarades, le peuple est banlieusard et urbain à 80 %. Les voix des viticulteurs en colère méritent-elles ces propos nauséeux? Si oui, l'UMP est là, prête à vous accueillir. Le FN vous tend les bras. Je sais que tu ne partages pas les valeurs de ces partis et que tu oeuvres pour un réel socialisme. Cela t'oblige à désavouer les propos tenus par Frêche. Un socialiste, fut-il du Sud Languedoc, ne saurait les approuver.
Le socialisme c'est l'humanisme, l'internationalisme, la solidarité.
Cher Didier, je ne te demande pas de rallier telle ou telle injonction venue de Solférino. Je te demande, en tant que socialiste, de répudier la "Frêche attitude" qui déshonore le mot socialisme lorsqu'on l'y associe.
Amitiés socialistes
Hubert Duval (Militant)