vendredi 18 mai 2012

lettre ouverte à Martine Aubry

Chère camarade,

La décision du Parti de présenter M. Germain, inconnu parfait à l’échelon local des Hauts de Seine, dans la douzième circonscription, sans vote militant et à la place de candidatures de terrain, montre à quel point le Parti Socialiste est incapable de faire place au militantisme réel pour être un parti d’élus carriéristes.
Dans cette circonscription où François Hollande a recueilli 53% des suffrages, de manière historique, il y a la possibilité de gagner et d’élire au palais Bourbon un socialiste dans les Hauts de Seine. On comprend que certains appétits se soient éveillés…. C’est prendre l’électeur pour une andouille, et les personnalités de terrain que sont M. Gouriet, I. Rakoff, B. Marquaille ou P. Buchet pour ne citer que les plus en vue, étaient plus à même de rassembler une population plus sensible à l’engagement dans sa constance qu’aveuglément socialiste.
Au –delà des querelles et équilibres de courant dont le commun des électeurs n’a que faire, les candidatures ne doivent émerger que d’hommes et de femmes engagées dans un combat politique qui ne soit pas un plan de carrière pour énarque ou polytechnicien en mal de postes parlementaires.
A titre personnel proche des idées de Hamon, donc en théorie « aubryste » (quelle foutaise), je me fiche comme de ma première chemise de savoir si la circonscription est dévolue à un « hollandais », à un royaliste ou à un noniste du centre ! L’important étant qu’elle passe à gauche. Il va de soi que bon nombre de militants feront sans doute leur travail pour lequel ils ne seront donc pas récompensés, en traînant des pieds et en ressassant une légitime rancœur.
Étant de gauche je tirerai personnellement les conséquences de ce type de décision antidémocratique en votant, une fois de plus pour le front de gauche. Au moins, je saurai à quelle sous-chapelle j’appartiens !
Le Parti socialiste qui a souffert de ce type de méthodes d’arrière-garde depuis Rennes n’a décidément plus grand-chose à voir avec celui qui m’a fait entrer en politique.
Quand il aura compris que sa révolution ne passe pas par une conversion publique au centrisme mou et au carriérisme, mais au contraire par l’application de règles démocratiques faisant place aux acteurs de terrains, membres du parti ou non, à l’écologie politique, vu non comme un étendard de ralliement mais bel et bien comme une exigence, à l’investissement citoyen, vu comme une richesse d’action et non comme un retour sur investissement, quand enfin le parti socialiste se redécouvrira « socialiste », digne de Jaurès dont il faut rappeler qu’il fut fidèle à sa circonscription jusque dans la défaite, refusant un parachutage à Paris où la victoire lui tendait les bras, alors je pourrai peut-être revenir vers lui. La décision qui a été prise pour la douzième des Hauts de Seine ne fait que confirmer que mon éloignement militant est cohérent avec ce que j’attends d’un parti et surtout du parti dit socialiste.
Avec tous mes vœux de réussite néanmoins,
H. Duval, Clamart.

PS : ce texte n’engage que moi, n’étant plus membre de la section PS depuis 2 ans. Il a été rédigé sans la moindre concertation. Il est néanmoins adressé en copie aux responsables socialistes locaux comme un coup de gueule du militant de base que je suis finalement heureux de ne plus être !