C'est fou comme en campagne électorale les gens qui habituellement se foutent complètement de ce que vous pensez, vous sollicitent pour connaître votre avis sur tout et n'importe quoi.On m'a posé sur un réseau social la question suivante : "et pour en revenir à Clamart tu penses quoi du travail du dimanche : de droite ou de gauche?". Cherchez l'erreur! Je me pose la question : quel rapport avec Clamart? Où est le piège? Que veut-on me faire dire? J'ai décidé d'essayer de répondre sans prêter à mon interlocuteur la moindre arrière-pensée. Allons donc faire un tour sur cette question passionnante. A la fin je me doute qu'on sera pas plus avancé mais au moins on aura réfléchi, c'est déjà ça!
De gauche , ou de droite alors le travail du dimanche? Et est-ce différent à Clamart?
Pour répondre, revenons au motif pour lequel la question se pose. Elle se pose car depuis qu'il existe un repos hebdomadaire légal, en 1906, c'est en effet, habituellement le dimanche : repos dominical est le terme légal ici... La République a longuement débattu sur ce point et c'est clairement une concession faite à l'Eglise catholique que d'avoir légiféré ainsi. Dans le contexte post-1905 (Séparation des Eglises et de l'Etat) ça mangeait pas de pain (béni!). Jaurès d'ailleurs, qui n'était pas spécialement de droite, concédait bien volontiers vingt ans auparavant déjà, que c'était pas un problème d'être d'accord avec la droite sur le choix de ce jour tant qu'on instituait enfin un jour légal de repos. Aujourd'hui, la loi oblige à un repos de 35h consécutif et ce n'est pas nécessairement le dimanche, car il existe un principe et des dérogations multiples à ce principe.
En réalité cela faisait très longtemps que beaucoup de travailleurs ne travaillaient guère le dimanche. Par un accord tacite avec l'Eglise, les patrons dans leur grande bonté, concédaient souvent un jour de repos hebdomadaire et c'était bien souvent le dimanche pour que les curés puissent endoctriner la populace! Au Moyen Âge, il y avait dans les campagnes d'occident, à peu près 90 à 100 jours chômés par an soit 2 par semaine environ en moyenne, mais ici la moyenne n'a que peu de sens. Il était même théoriquement interdit de faire la guerre le WE en souvenir de Jésus et de son martyre. (Ce qui fait que les plus belles victoires sont souvent -surprise oblige- un dimanche ou mieux un jour de noël!)
Bon là on répond pas on s'éloigne... Non, non. Travailler le dimanche serait-il de gauche au sens où on s'affranchirait du jour chômé cher aux cathos? Et que faire des "cathos de gauche"?
Pour certains le travail du dimanche doit être accepté au nom de la productivité. Moi je juge que ça "c'est de droite"! D'autres disent : "pas de travail le dimanche sauf dans la culture par exemple, pour qu'on puisse se cultiver". Ils pensent ainsi être de gauche en permettant à la population de se cultiver le jour de repos.... Mais ça fait bosser des gens.
Moi je suis contre le travail du dimanche en général et même assez fortement. Je suis pour qu'il y ait un jour commun de non travail, de relâche générale par rapport à l'obligation productive, d'oisiveté au sens le plus fort possible. Et-ce, dans le maximum de secteurs possibles! Même le secteur culturel. Serais-je de droite ainsi? Ou au contraire un dangereux gauchiste inconscient? Je pense qu'il est bon de vivre sans la pression de produire ou de consommer. Je pense qu'il est bon de se retrouver face à son ennui, ou au contraire avec une foultitude de choses à faire et d'être libre de choisir de ne rien faire. Si c'est pour que machin aille faire son tiercé et machine reste enfermée à la cuisine, c'est dommage. Mais c'est à chacun et chacune de faire son truc de ce jour-là. Un jour où la société ne décide pas. C'est pourquoi je ne cède pas à la mode d'aller courir dans les bois de Clamart le dimanche, ni le samedi d'ailleurs... No sport, encore moins sous pression sociale! Mais pourquoi le dimanche et pas n'importe quel jour dira-t-on? Parce qu'un jour commun c'est mieux! C'est visible. C'est réel. Une lenteur assumée. Si vous voulez qu'on s'arrête tous le jeudi ou le mardi moi je m'en tape! Mais tous le même jour! Voilà pourquoi je pense que c'est de gauche : c'est, un jour par semaine, et c'est bien peu, être hors du système productif. Il est bon qu'il y ait des jours pour faire autre chose que bosser et que la société s'accorde à cela. C'est le sens des jours fériés, jours de commémoration : se souvenir. Ensemble. Tous. La disparition de fait des jours fériés dans le commerce me navre. Elle signifie que consommer est plus important que penser, que rêver, que se promener, que de ne rien faire... Or, c'est l'inverse!
Je ne vois pas la spécificité de Clamart dans cette question. Veut-on me faire dire :" mais tu veux fermer les médiathèques le dimanche?" Moi à titre personnel, je répondrais : "oui."
PS : Après éclaircissements je comprends la mention clamartoise de la chose; Alors pour faire vite, il s'agit du sujet de l'ouverture des commerces le dimanche. On aura compris que je suis contre. Pour dire que le débat existe à Clamart au conseil municipal il faut lire ceci : http://clamart-citoyenne.fr/?p=30692
Et l'on verra que tous, à gauche, n'ont pas la même position. La mienne est claire et nette et idéologique pour le coup!
Très intéressant !
RépondreSupprimerMais quand même, pour la culture, il faut bien appréhender les choses autrement. Certes, on peut penser qu'au final, la culture est aussi un mode de consommation. Ce n'est pas mon avis. La culture cultive, tandis que la consommation consume.
Et surtout : comment on fait si on n'a pas accès à la culture en-dehors des horaires de bureau ?
Alors, certes, ça fait travailler certaines personnes le dimanche. Moi qui suis musicien, je me vois mal refuser de travailler le dimanche ! On pourrait dire que pour du personnel de médiathèque, c'est différent. Mais ce sont quand même, a priori, des gens qui ont choisi un métier de contact. Il me semble que ce n'est pas comparable avec les salariés des plus ou moins grands magasins.
Oui je comprends bien le pb. Mais les personnels de la médiathèque sont contraints à un accueil très peu "actifs" dans la médiation culturelle. Métier de contact, je n'en connais pas qui n'en sont pas. Je vois bien ce que tu veux dire et j'avoue que ma première réaction était très partagée : "chouette" d'un côté, puis "oui mais..." de l"autre. je ne compare pas évidemment consommer et se cultiver mais je ne compare pas non plus assister à un concert et aller emprunter un bouquin. Bon le sujet est délicat sur la culture c'est pour ça que je l'ai soulevé et ait donné un avis tranché "à titre personnel" et au conditionnel. Pour le commerce je suis pour le coup catégorique, comme toi-même et comme le vote de CC au conseil Municipal, qui vous honore. Le coup du "petit commerce" c'est un peu facile...
RépondreSupprimerComme l'échange est constructif je suis en train de rétropédaler dans ma tête sur cette histoire de culture. Quoique pas tout à fait. MAis quand même un peu. A suivre!!
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