samedi 16 novembre 2019

Au pied des grues...

Au pied des grues... la mort. On meurt à Clamart. Plus qu'ailleurs. Par accident du travail. Il a été dénombré officiellement à ce jour, 64 accidents du travail graves et mortels sur chantiers depuis mi-décembre 2018 en Île-de-France :7 à Paris, 27 en grande couronne, 30 en petite couronne. Sur les 30 de petite couronne, 22 dans le 92 ! Ça bétonne, certes, mais c'est aussi un des gros endroits des chantiers Grand Paris (ligne 15 et Eole). Sur les 22 du 92, 4 à Clamart, soit 18% pour 3% de la population départementale.
Sur les 4 à Clamart, 3 accidents sur la zone Panorama-Grand Canal. Cette zone est donc désormais une des plus dangereuses d'Île-de-France, peut-être la plus dangereuse en travaux du bâtiment. On pourrait en appeler au hasard, à la fatalité et se contenter d'enregistrer le chiffre. Or il n'y aucune fatalité dans les accidents de ce genre. Il y a des erreurs commises, une accumulation de gestes inadéquats, de prises de risques, dont il faut comprendre l'origine. Parmi les origines possibles, il y a la pression et la productivité exigée ; "faut finir avant la nuit, avant la pluie!" Il faut finir telle intervention avant que tel ou tel partenaire du chantier n'intervienne à son tour. Bref, des exigences qui poussent à la faute, au baudrier qu'on n'attache pas, au casque qu'on oublie, au pas de trop que l'on fait.
Clamart est aujourd'hui une ville chantier : gare, ex-piscine, Panorama, Plaine Sud autant de trous gigantesques qui annoncent une bétonisation avancée dont on commence à deviner les contours. Cela ne fait que commencer : Place du garde arrive, Hunebelle : et bientôt, quoi encore? A Clamart on meurt, et Clamart se meurt. Un autre Clamart est souhaitable. Un autre Clamart est possible.

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